Séance fiction

mardi 24 juillet 2012 Commentaires fermés sur Séance fiction

Dans les années 1960, l’édition française du Magazine of Fantasy and Science-Fiction paraissait simplement sous le titre Fiction. Le n° 93 de 1961 contient la traduction française du récit de Philip José Farmer Ouvre-moi ô ma soeur, 1 titre emprunté au Cantique des cantiques 5:2 :

Couverture du n°93 de la revue Fiction

Ouvre-moi, ô ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit.2

Cette nouvelle est remarquable à plusieurs titres. Le héros, Cardigan Lane, s’y définit lui-même comme « écrivant une poésie de bonne qualité mais loin d’être un grand poète ». C’est un adepte de la culture anthologique chère à Milad Doueihi. Au début de la nouvelle, il se plonge dans le seul livre qu’il a pu emmener sur Mars, une anthologie de poésie. Il en extrait une anthologie dans l’anthologie, composée de 5 extraits de 2 lignes et un de 4 lignes, que l’on va retrouver au fil de l’histoire. Celle-ci le confronte à Marhseeya, personnage qu’il va percevoir comme féminin, mais dont la forme de sexualité et de reproduction va lui rendre un peu difficile de trouver sa place. Tout cela se termine assez mal en raison d’une capacité masculine à parvenir à ce résultat dans ce genre de situation. 51 ans plus tard et alors que le papier tardivement acide de mon précieux exemplaire se délite, il est temps de relire Ouvre-moi ô ma sœur et de soumettre son texte à nos propres pratiques anthologiques autant que remixeuses. En voici deux exemples, un poème express « à la Lucien Suel » et une liste d’extraits à partir desquels construire d’autres histoires.

Ouvre-moi ô ma soeur, p. 41 n°93 de la revue Fiction

Anthologie

… la sensation, mi repoussante mi excitante du contact de sa peau. Celle-ci n’en était pas elle-même la cause, car elle était douce et chaude.

Il savait qu’elle lui était totalement étrangère et qu’il était fatal que certaines de ses mœurs fussent pour lui un sujet de répulsion.

Elle mélangea du doigt le produit de leurs bouches et lui présenta ce doigt. De toute évidence, il devait le sucer.

Elle ferma les yeux et prix délicatement son doigt dans sa bouche. Quand il essaya de le retirer, elle l’arrêta en lui saisissant le poignet. Il n’insista pas pour retirer le doigt, car il voulait éviter de l’offenser. Peut-être le rite devait-il être prolongé un certain temps.

Chose étrange, ce fut la cause d’un nouvel accès de larmes. Mais il s’aperçut vite que c’était des larmes de joie.

Ne serait-il pas plus simple de reconnaître sa mère nourricière, son hôtesse comme sa vraie mère ?

  1. Traduction : François Valorbe, publication originale américaine en mai 1960. []
  2. Mélange de plusieurs traductions. []

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