qui est là dans mon corps ? à l'abri ce matin plein de lumière caravane blanche sur mer bleu-gris corneilles arrachées à la pluie chemin de Tal Ar Grip un tracteur rouillé des mobile-homes sur terre qui flanche attention sentier côtier dangereux risque d'affaissement écriteau rouge la marée d'une guerre très calme trace de botte dans la boue mouette tridactyle imprime son cri dans l'air mouillé je rayonne où je me perds mauves landes brûlées de froid décembre rougit une dernière fois avant la tempête des grandes marées de l'année 7 à boire mon pin coiffé de vent tu t'étires vers les champs ras il pluie fer à cheval ton paysage l'ami qui marche un grain une griffe faucon pèlerin dans la falaise savoir planer sans bouger observer le souffle soulevant des montagnes d’écume gros sage gris Creac'h Ar Bleis boxé par le soleil en plein la baie mottes œufs de poules plumes de paon parfum de monde mouillé la rouille de l'orage qui s'est abîmé sur l'année mourante et a gonflé la mer un rêve éveillé traîne ses pieds de feu dans la lande reflet d’Irlande cette phrase au sol de la lumière rafales de 100 km/heure premier de l’an la mer au corps
Texte et photos : Laure Morali
C’est la deuxième fois que j’ai la chance de débuter l’année par un vase communicant avec Laure Morali. Laure Morali est poète et auteure de textes en prose, animatrice d’ateliers d’écriture, voyageuse au long cours, partageant son temps entre le Québec, Haïti et la Bretagne. L’année dernière, nous avions tenu chacun un journal des sons de la neige. Alors presque débutant des vases communicants, je lui avais proposé cet échange après avoir découvert son site Les Portes, en ne connaissant que peu ses écrits. Depuis je l’ai lue régulièrement et eu la chance de découvrir Comment va le monde avec toi ? dont j’ai publié une note de lecture ici. Nous avons décidé cette fois de nous ancrer respectivement dans la mer et la montagne. Laure Morali écrit la mer, le départ vers d’autres rivages, la rencontre ou les retrouvailles des êtres et des cultures avec une liberté, une fluidité, une humanité ancrée dans ses émotions que l’on retrouvera dans le texte qu’elle me permet d’héberger ici. Merci. Mon propre texte, Traversée est dans Les portes.
Comme chaque mois, grâce au généreux travail de Brigitte Célérier, vous avez accès à la liste des vases communicants.
La mer au corps, l’amer à l’âme après les dégâts. Je ne suis pas sur les mêmes rives mais vous pourrez voir aussi sur mon blog, outre le vase communicant avec Sophie Régnier, des photos des tempêtes de fin d’année, publiées les 26 et 27 décembre.