Je poursuis sur ce blog l’écriture d’un texte poétique sur l’anatomie des sens, de poèmes phonétiques destinés à la performance, de poésies numériques et transmédias, d’une série de textes sur les néotopies et de quatrains inspirés de la poésie chinoise Tang et rédigés au fil du quotidien. Pour mes performances et textes (hors livres) non inclus dans ce blog, voir ma page sur remue.net et d’autres revues. Voir les catégories du menu de gauche pour les travaux plus anciens.
160. Onagres
samedi 10 juillet 2021 § Commentaires fermés sur 160. Onagres § permalink
Quarantaine
mercredi 7 juillet 2021 § Commentaires fermés sur Quarantaine § permalink
La quarantaine, c’était pour moi un livre de J.M.G. Le Clezio, la lenteur et l’intensité de la rencontre de son personnage Léon (inspiré de son grand-père maternel) avec Suryavati la jeune indienne, la vision de sa silhouette vêtue marchant dans la mer, les histoires qu’elle lui conte, les rites qu’elle lui fait accomplir, le devenir indigène des terres métisses où leur amour l’entraîne m’accompagneront à jamais. C’est aussi en tant que grand-père maternel de mes petits enfants que je suis en quarantaine, mais alors que Léon, son frère et la femme de celui-ci étaient simplement débarqués sur une île dans l’incertitude du retour d’un navire qui mettrait fin à leur quarantaine, tout est prédéterminé pour celle d’aujourd’hui, et j’ai dû donner et renouveler mon consentement à ce qui va la rythmer. Je crois qu’il est utile de le documenter pour faire le tri entre les contraintes justifiées et la mise en place de surveillances et de contrôles panoptiques qui utilisent le numérique en détruisant son potentiel de capacitation et de création au profit de pouvoirs inquiétants.
Jour zéro
Le jour zéro dans la novlangue pandémique de Grande-Bretagne, c’est celui où l’on met le pied sur cette île en provenance d’un pays « amber », le relent de bijoux précieux de cette appellation évitant la banalité des feux oranges. Tout a dû être préparé et contrôlé sur le territoire français, transformé pour l’occasion en hot-spot extérieur comme ceux que l’Europe déploie dans les pays limitrophes et plus loin. Ma compagne et moi avons effectué un test PCR moins de trois jours avant notre départ, dûment certifié et QR-codisé, nous avons réservé et payé trois tests à effectuer aux jours 2 (ou avant), 5 et 8 (ou après), rempli moins de 48h avant notre départ une locator form tout aussi QR-codisée reprenant toutes les informations sur notre séjour, notamment sa localisation pour les dix premiers jours et le n° de téléphone qui sera la laisse des contrôles dont nous sommes prévenus. Le test du jour 5 – dit Test for release – est supposé, si aussi négatif que les précédents permettre notre libération anticipée autant que conditionnelle car ne dispensant pas d’effectuer le test du jour 8 (ou plus tard)
Berceuse
jeudi 27 mai 2021 § Commentaires fermés sur Berceuse § permalink
C. (22 mois) dort avec sa sœur
qu’elle appelle
Chuchi pour Lucie
Comme beaucoup d’enfants
elle se berce pour s’endormir
Pour cette occasion
de chambre commune
cela donne
« Dodo Chuchi, dodo me, dodo Chuchi, dodo me… »
158. Noms d’oiseaux
samedi 1 mai 2021 § Commentaires fermés sur 158. Noms d’oiseaux § permalink
corbeaux pies piverts mésanges et merles milans et leurs rois bouvreuil et rubiette
157. Conversation nocturne
samedi 1 mai 2021 § Commentaires fermés sur 157. Conversation nocturne § permalink
hier tard dans l'ombre les biches et la chouette les unes rayant l'autre ululant
155-156. A-venir
vendredi 30 avril 2021 § Commentaires fermés sur 155-156. A-venir § permalink
surmenés de rien à faire défaire desseins cométaires en report sans fin mais précieux espaces d'imprévues réunions qui pourtant écrites esquissent nos pas
154. Potager
jeudi 29 avril 2021 § Commentaires fermés sur 154. Potager § permalink
Un autre récit du monde
jeudi 15 avril 2021 § Commentaires fermés sur Un autre récit du monde § permalink
Je publie à nouveau une traduction d’un texte poétique de @larosaturca.
VO : Un’altro narrazione del mondo
Un autre récit du monde
Bientôt midi. Levée depuis une heure, la nuit traversée sans souffrance, sans douleur due à la lourdeur des muscles dans les cuisses, peu de sommeil.
G. a téléphoné au médecin généraliste qui lui a prescrit une semaine d’arrêt maladie, il a encore mal au dos. Libération du temps.
Debout, l’articulation de la hanche droite bloquée et douloureuse en mouvement comme au repos, un bref rayon de soleil par la fenêtre illumine les inflorescences violettes sur le rebord, peut-être le ciel de pluie s’est-il éloigné un moment, les sifflets que fait le merle, une tentative d e d é c o n s t r u c t i o n est à l’œuvre en moi.
Du monde quelque chose de vivant nous parvient, traversant la nuit, un autre récit s’est remis à trembler, parle, s’élance de lien en lien . . .
Naturalisme et animisme
samedi 20 mars 2021 § Commentaires fermés sur Naturalisme et animisme § permalink
la conversation se déroule dans la chambre où ils ont rapproché leurs lits.
L. (4 ans) : « A circle has no end. »
A. (6 ans) : « The universe has no end either1. »
L. : « Oui mais mon blutak2 est plus grand que ton bébé panda roux donc c’est lui qui sait »
Mal en point dans la disputation
L. y substitue celle des peluches
au rapport de forces inversé
en Oxfordshire
on n’est pas loin des daemons
de Philip Pullman3
ils habitent les peluches
et prennent quelques libertés
152-153. Signes
mercredi 24 février 2021 § Commentaires fermés sur 152-153. Signes § permalink
151. Sirocco
dimanche 21 février 2021 § Commentaires fermés sur 151. Sirocco § permalink
148-150. Hêtres
vendredi 19 février 2021 § Commentaires fermés sur 148-150. Hêtres § permalink
Contrarticuler
vendredi 12 février 2021 § Commentaires fermés sur Contrarticuler § permalink
Je suis heureux de partager ici cet écho en français de la puissance d’évocation poétique de Tina Turco
VO : Contro—articolare
Contrarticuler
Donner forme est un effort musculaire
La force du tronc, la force hoquetante et aveugle
de la
volonté
de vivre, qui ne peut : exister
Redonner à la brise l’inflammation douloureuse de cette odeur d’herbe et du parfum doux-amer de fleurs
lui assigner lit
et domicile
la lisser
juste un souffle, l’aimer en secret
la guérir
de
temps.
Les lois de l’ascension – Céline Curiol
jeudi 4 février 2021 § Commentaires fermés sur Les lois de l’ascension – Céline Curiol § permalink
Dans la première partie de son livre Le fil perdu, essais sur la fiction moderne, Jacques Rancière caractérise la transmutation du roman à l’âge moderne comme une révolution démocratique. Elle place à égalité les sujets de fiction en y installant les vies ordinaires, mais aussi les modes de récit en faisant place aux surprises, au hasard, à la contingence. La littérature n’est plus forcément mise en scène dans des styles normés de personnages héroïques reliés par des intrigues magistrales relevant de la nécessité ou de la vraisemblance. Il y a donc des livres qui explorent l’ordinaire dont nous sommes faits, les liens que le tissu social, les coïncidences, les ressources imprévues qui nichent en nous ou le désir tissent pour le pire et le meilleur. Mais Rancière affirme également que cette révolution démocratique est inachevée1, car elle laisse intacte la différence de position entre celui qui écrit et ceux qui sont écrits ou lisent. C’est dans l’inachèvement de cette révolution que se tient la variété des efforts du roman contemporain : les chemins sont multiples pour tenter de dépasser ce qui reste une limite de la démocratie littéraire.
Certains comme Gabriel Franck dans Laques ont choisi l’écriture fragmentaire laissant à charge du lecteur ce qui sépare les fragments, d’autres des écritures polyphoniques ou la multiplicité des voix est elle-même démocratie, d’autres d’éroder la distinction entre auteur et personnage en faisant du premier son propre objet de récit, d’autres encore comme Hélène Bessette dans 20 minutes de silence ou Philippe de Jonckheere dans Une fuite en Égypte de parcourir à chaque instant plusieurs possibles ou comme Paul Auster2 de suivre plusieurs voies dans le dépliement du récit de 4-3-2-1. D’autres enfin, dont Céline Curiol elle-même, ont mêlé les genres en se tenant aux confins des essais et de la poésie.
Dans Les lois de l’ascension, Céline Curiol associe plusieurs de ces chemins d’écriture, tout en innovant sur un point particulier et important. Quelques précisions sur le dispositif du livre : il se déroule sur quatre journées réparties sur les quatre saisons d’une année, et dans chacune, six chapitres se succèdent, dans un ordre fixe, narrant chacun la journée d’un personnage. Si l’on excepte deux sœurs, ces personnages ont tout pour ne pas se rencontrer, si ce n’est des coïncidences, de nom, de lieu, de hasards. Autour d’eux gravitent des personnages secondaires… qui ne le sont pas. On suit donc deux sœurs engagées dans des carrières professionnelles où elles tentent de faire vivre l’exigence du bien commun tout en y recherchant tout de même la reconnaissance d’institutions qui ont d’autres visées, une jeune femme dérivant des études vers un travail prolétarisé et l’hôpital psychiatrique, un immigré à la fin de son parcours professionnel dans une association de soutien qui cultive un jardin secret poétique, un psychanalyste en quête de reconnaissance publique qui au passage néglige sa famille et ceux qui l’entourent et un jeune en pleine radicalisation.
» Lire la suite «
Intervention au Chandrabhaga Poetry Festival – 9 janvier 2021 – FR/EN
jeudi 28 janvier 2021 § Commentaires fermés sur Intervention au Chandrabhaga Poetry Festival – 9 janvier 2021 – FR/EN § permalink
Au Chandrabhaga Poetry Festival le 9 janvier 2021.
Intervention dans la session « French poetry » animée par Guilhem Fabre et co-organisée par les éditions Phloème. Merci à Savita Singh et Ashwani Kumar pour l’invitation. Vous pouvez visionner l’ensemble de la session ici.
L’animisme des enfants
lundi 14 décembre 2020 § Commentaires fermés sur L’animisme des enfants § permalink
L. (4 ans) dessine un paysage
avec des arbres
à un moment délicieux
tous transpire d’amour
et gribouillé le mot love
envahit tout les blancs
Le soleil va se coucher
et c’est ce qu’il va faire
et c’est pourquoi
il n’y a
qu’un petit bout de soleil
And when it rises in the morning, I always send a letter to somebody … and the sun gives a lovely kiss to the mind of its little sun…
147. Cap de la lune
lundi 30 novembre 2020 § Commentaires fermés sur 147. Cap de la lune § permalink
146. Pleine
dimanche 29 novembre 2020 § Commentaires fermés sur 146. Pleine § permalink