L’écriture comme enfance

vendredi 24 novembre 2017 § 1 commentaire

… soit chez l’enfant qui apprend à parler, soit chez l’écrivain qui dit et pense pour la première fois quelque chose, enfin chez tous ceux qui transforment en parole un certain silence1

revenir au silence primordial
dans Cabane d’hiver
on l’entend derrière
les bruits de la nature
c’est un silence de fond
comme le coureur

chez le nouveau-né
silence grouillant
des sons entendus
au ventre
brisé déjà par son cri
douleur de l’air
frayant son premier chemin

pour le suivre
d’abord crier
mais sans un bruit
touiller la tambouille
lire silencieusement
à haute voix
le vouloir dire
d’un texte inécrit

Enfant de 12 semaines mêlant sa voix à une conversation d’adultes à la table voisine2.

prosodie première
portant l’emprise
du corps sur le sens
l’animal la comprend
à trois mois l’enfant
la destine aux choses
la mêle aux conversations

Le même, au même âge, parlant à une girafe sonore qui refuse de lui obéïr.

est-ce la quête de mots
qui esquisse la prosodie
ou déjà donnée
sa contrainte
mètre chez le poète
larynx chez le nourrisson
qui les appâtera

ce certain silence
que les sons rompent
ces flots d’autres paroles
auxquels ils se joignent
ils sont l’espoir d’une vague
les mots son écume

  1. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, p. 224 de l’édition Tel / Gallimard. []
  2. Bande-son d’une vidéo enregistrée le 19 janvier 2017 par Suzanne Aigrain de son fils Léon Aigrain Smith, né le 25 octobre 2016. []

§ une réponse à L’écriture comme enfance

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