après le trop fidèle reflet
vient l’ombre
corps projeté
en infinies déformations
épousant
le terrain de jeu
du monde bosselé
allongée
au couchant soleil
raccourcie
dans les montées
elle suit
le départ de la course
est-ce avec un léger retard ?
bras et jambes
s’y tordent et ondulent
pour Murakami1
une sorte d’âme
dont la perte
nous prive
de liberté et d’amour
soudain l’enfante
découvre le voile
à la fenêtre
tôle ondulée pour son ombre
elle voudrait y amener
tout son monde
une feuille de caoutchouc
pour commencer
et soudain prodige
le reflet dans la vitre
se mêle à l’ombre
son visage habite l’ombre
l’une contour
et l’autre texture
c’est d’une indicible
beauté
qu’elle sait
vérifie qu’on regarde
y revient
y aura-t-il
jamais
pareil
pouvoir sur le monde
- dans La fin des temps, Points / Seuil, trad. Corinne Atlan, 2001. [↩]