Laure Morali1 vient de publier Comment va le monde avec toi à la fois en version numérique et en livre papier dans la collection PUBLIE MONDE de publie.net. Le titre de ce livre rappelle celui du documentaire de Raymond Depardon Afriques : comment ça va avec la douleur. Dans les deux cas il s’agit d’une salutation, d’une phrase adressée à celui ou celle qu’on rencontre. Entre Ouessant, où Laure Morali a été en résidence pendant deux mois au Sémaphore de Créac’h, point extrême de la fin des terres bretonnes à l’Ouest, une presqu’île des Côtes de la Mor2 qu’elle a quitté pour s’immerger dans le monde et renaître en quittant le lieu d’une rupture adolescente, les rives du fleuve mer au Québec et les côtes du monde parcourues par son Capitaine d’arrière-grand-père, le vrai personnage du livre, c’est la mer et ce qu’elle fait aux gens, le rythme incessant de sa pulsation qu’elle imprime à leurs vies, la façon dont elle les noie, les lave ou les porte.
Qu’en dire quand on a deux univers, l’un urbain et l’autre montagnard, dans lequel la mer, c’est celle des nuages ? Que ce livre, c’est le chant de quelques personnes et de tous ceux du monde dans leurs relations médiées par la mer. Ce que ce chant nous raconte c’est comment on passe – par la mer – de l’univers rapproché des (presque)-îles à l’ouverture d’un monde qui est au-delà du regard, comment on revient dans les îles et on y retrouve ceux qu’on côtoyait tous les jours, et même les disparus.
Cela se lit à la fois comme un poème et comme un récit. Avec la musique du poème et avec la ligne conductrice du récit et de son tissage de différentes époques. Et puis c’est superbe tout simplement, alors en voici un extrait pour vous emmener vite en lire plus :
J’ai fait un grand feu sur la plage. Ma propre fête du solstice. Tout ce foin qu’on peut faire avec l’amour. J’ai rempli une bouteille de cendres gris-bleu. Je l’ai lancée du dernier roc. Et ce n’est pas du sémaphore ni du phare qu’on allait apercevoir mon signal de fille naufragée dans un poème d’eau de mer. J’ai pensé à toi, Capitaine, mon arrière-grand-père au regard de pampa. J’ai demandé à ce que tu veilles sur mes dérives. Que tu m’apprennes à naviguer aux étoiles.
Vous pouvez aussi écouter Laure Morali en lire quelques extraits. A la salutation du titre, il faut répondre : un peu mieux maintenant.
- Laure Morali écrit des poèmes et récits sur son beau blog Les portes. [↩]
- La qui sépare la Bretagne de la Grande-Bretagne, avec quelques disputes sur s’il faut l’appeler Manche ou la considérer comme une partie de l’Océan Atlantique. [↩]
» Je ne comprends pas encore le mystère de Laure. Elle a une écriture vivante, abracadabrante. Par une simple phrase elle mais le feu sur la plage de mon imaginaire. Tout à coup ce qui brûle devint une fiesta douce et fragile… Quelle musique!
Sa plume est tout simplement merveilleuse »