Pantoum – Brigitte Célérier

vendredi 5 septembre 2014 § 8 commentaires

sur le thème : le neuf et l’ancien se rencontrent en nous et dans le monde

sur ma cour s'efface la nuit aube blancheur indécise yeux fermés, noyés les ennuis en ma somnolence exquise
aube blancheur indécise air immobile en attente en ma somnolence exquise vie et ris viennent et me tentent
air immobile en attente jour suspendu en sa magie vie et ris viennent et me tentent ma vieille âme cherche énergie
jour suspendu en sa magie ce jour neuf qui nait du jour mort ma vieille âme cherche énergie s'en va mon doux penchant vers mort
ce jour neuf qui nait du jour mort s'ébrouent des pépiements dans l'air s'en va mon doux penchant vers mort que tombe de moi cet hiver
s'ébrouent des pépiements dans l'air en parfum le jour s'éveille que tombe de moi cet hiver bien vivre ce jour ô vieille
en parfum le jour s'éveille rosée vient qui pleure la nuit bien vivre ce jour ô vieille sur ma cour s'efface la nuit

Texte: Brigitte Célérier


Depuis que les vases communicants sont venus rythmer mon écriture, je me dis de temps en temps : « un jour, je ferai un vase avec Brigitte Célérier ». C’est comme une promesse qu’on s’est fait et dont on sait qu’elle sera tenue (si l’intéressée le veut bien). Voilà, c’est fait, et j’ai la joie d’héberger celle qui fait vivre les vases communicants, qui en tient la chronique et peut-être plus important encore est l’exemple vivant de leur philosophie. Elle dit sur son blog Paumée que « Brigetoun et ses entours surtout, ne sont pas Brigitte Célérier et ses entours – se ressemblent fortement – ont beaucoup de points communs – ne sont pas totalement identiques – fantaisie ou mensonge revendiqués ». Gageons donc que Brigitte Célérier en son for intérieur sait que son intelligence pétille, que même quand elle la dit fatiguée, c’est pour nous offrir les merveilles de la vie simple, que sans être technicienne elle pratique la culture numérique à son meilleur. Non contente d’avoir apprécié sans complaisance ce qu’écrivent et jouent tant d’autres, elle nous donne des textes (souvent illustrés de photographies) qui sont une de nos richesses communes, variée, savante, jubilatoire souvent, sérieuse aussi et d’une grande sensibilité personnelle, comme le pantoum (ou pantoun paraît-il) que vous venez de lire.

Je suis tout fier de glisser chez elle mon propre pantoum sur le même thème. C’est par Brigitte Célérier que j’ai découvert les pantoums (et plusieurs autres formes poétiques que j’ignorais). Et c’est aussi elle qui vous livre la liste des vases communicants de ce mois.

§ 8 réponses à Pantoum – Brigitte Célérier"

  • Brigetoun dit :

    elle vous dit grand merci

    • philippe dit :

      on ne va pas se chamailler, mais c’est moi qui dois vous remercier. En tout cas, je suis tout réjoui ce matin.

  • « jour suspendu en sa magie » : là est bien l’approche qui doit être quotidienne…

  • Omar Belgaroui dit :

    Bravo et Merci !! Bonne journée Mme Brigitte 🙂

  • fg dit :

    Merci Brigitte.

  • Pantun Sayang dit :

    Merci pour ces deux textes ! Mais non, pantoum n’est pas pantoun. En réalité, pantoun précède pantoum, et il s’en est fallu d’une coquille et des élucubrations de nos poètes français du XIXe pour que son destin en soit changé sous nos latitudes… et ailleurs. A jamais ? Notre revue Pantouns s’attache à désamorcer cette confusion, pour rendre au pantoun, forme brève si savoureuse originaire du monde malais, ce qui lui appartient.

    • philippe dit :

      Merci de votre message et des clarifications. Les formes explorées par Victor Hugo et Leconte de Lisle me paraissent intéressantes à explorer … et à adapter. Peut-être est-ce l’influence de mon travail sur d’autres formes traditionnelles (poèmes chinois de l’ère Tang) pour lesquelles je trouve que le passage dans une autre langue et une autre époque demande à la fois un respect de la tradition et une innovation propre (ainsi je respecte le pentasyllabique dans mes quatrains, mais évidemment pas les éléments phonétiques et la rime sur tout le vers qui sont intransposables, et je pousse la forme courte jusqu’à privilégier le quatrain unique). Il est vrai que les poètes Tang n’hésitaient pas à ne pas respecter leurs propres règles. Peut-être qu’une autre approche se justifie pour les pantuns malais. Bonne continuation pour la revue.

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