Intermezzo (4)

vendredi 4 décembre 2015 Commentaires fermés sur Intermezzo (4)

La révolte gronde. Des personnages maltraités de cette façon, c’est du jamais vu. Pourtant on a l’habitude que les dieux et leur troupe soient cruels. Combien de foies dévorés à coups de bec, de malheureux dépecés par une horde féminine échevelée, de mourants de soif devant l’eau fraîche, d’anciens rois rendus aveugles et mendiants sur les routes, d’attirances imposées pour un ou une que pourtant on haissait hier. Mais ces violences résultent de sentences explicites pour un crime de lèse-divinité ou d’une jalousie divine. Ou encore de sentences auto-inflingées lorsque des mortels se jugent eux-mêmes coupables d’avoir enfreints des règles si certaines qu’elles n’avaient même pas besoin d’être dites. Jamais pourtant de torture par abandon, par négligence, de tourments sur lequel on ne pouvait pas mettre de nom, de punitions sans cause connue, d’un destin sans cesse aléatoire. Comme si c’était de la vie même que la douleur suintait.

Que les personnages souffrent ainsi, on pourrait s’en accommoder. Après tout, par delà l’émotion et la peur, ils sont là pour nous guérir par la catharsis et nous divertir. Mais derrière les personnages, il y a des acteurs. Mal payés ou pas du tout. Qui sont tout de même en droit de savoir pourquoi on leur fait commettre d’absurdes actes et représenter des souffrances inexpliquées. À la longue, eux-mêmes ne vont pas au mieux. Donc, la révolte. Artémis et Dyonisos sont toujours indécollables, malgré quelques signes que la promiscuité commence à leur peser. Ce sont des divinités alternatives qui prennent les commandes : Hermès, le messager, dieu des marchands et des voleurs et Mnémosyne, titanide comme Aura, fille de la mémoire et inventrice des mots et de la langue. Choisis semble-t-il dans l’espoir qu’entre ceux qui se comprennent tout de travers et ne parviennent pas à s’ignorer, les messagers de la littérature puissent tisser une paix fragile.

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