Episodes précédents : il fait un temps de vacance et ce n’est pas de la tarte de démêler nos pelotes dans ces conditions.
On ne sait pas comment cela a commencé. Certains prétendent qu’il y eut une multiplication de gestes de refus, de désobéissance. Les enquêtes déclenchées pour le confirmer aboutirent à un constat paradoxal : des comportements étonnants proliféraient depuis des années, mais on ne pouvait pas vraiment les considérer comme relevant d’une rébellion organisée. Une chef de département multipliait des notes de service remerciant ses subordonnés pour leurs erreurs inspirantes. Un employé réputé calme et serviable produisait des documents fantaisistes, et traitait ceux qui lui en faisaient reproche de mauviettes serviles. On avait découvert qu’une bibliothécaire travaillait depuis des années à une notice bibliographique unique, ayant habilement exploité certains champs sans limites de nombre de caractères pour y injecter l’équivalent de plusieurs volumes érudits. Une comptable plutôt réservée avait commencé à publier chaque lundi un billet sur internet où elle décrivait les habitudes sexuelles de ses collègues, désignés par des pseudonymes, mais aisément reconnaissables par leurs collaborateurs. Le cas n’était pas isolé, mais les enquêteurs avaient trouvé curieux que les collègues concernés rectifient ou précisent les affirmations de la comptable dans les commentaires de ses billets.
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