Il y a des choses qu’on ne voit que sur l’écran de l’appareil photo numérique ou du smartphone. Debout en équilibre instable sur un rocher entouré d’eau, inquiet d’y faire tomber l’appareil, je ne savais même pas ce qui m’avait conduit à vouloir prendre la photo de précisément là. Et puis, fugitivement, sur le petit écran, j’ai vu un gigantesque sablier. En son centre, fine ligne de terre et de rochers, le ciel s’écoulait lentement dans l’eau du lac. De part et d’autre de ce centre se tenaient des montagnes lointaines, nettes dans le ciel, floues dans l’eau. Le ciel paraissait immobile, seule l’eau vibrait. Pourtant qu’est-ce qui pourrait la faire vibrer d’autre que le ciel ?
En regardant la photo elle-même, tout cela n’est plus si clair, mais qu’importe, restent les questions. Pourquoi une image comme celle-là, et l’image mentale qu’on s’en construit prennent-elles un sens pour nous ? Enfin en supposant que je ne sois pas le seul. Les explications physiques comme la fixation du CO
Il parait que nous pouvons nous souvenir de 80 000 visages, réels ou imaginaires. Je ne sais pas si cela suffit. Mais pour tisser ce qui nous relie aux autres, nous n’aurons jamais assez d’images.