Surveillances

mercredi 11 mai 2016 § Commentaires fermés sur Surveillances § permalink

visuel Carole Zalberg

Sous ce titre paraît aujourd’hui aux Éditions publie.net un recueil de textes littéraires sur la surveillance et l’écriture des vies. Les contributions ont été invitées et suivies éditorialement par Céline Curiol et moi, avant que Guillaume Vissac et Roxane Lecomte prennent le relais pour produire le livre dans ses déclinaisons papier et numérique.

Dire d’abord ce que l’existence même du livre doit aux travaux antérieurs de l’une des contributrices, Cécile Portier. Dans son projet Traque Traces puis dans Étant donnée, elle ne s’est pas contentée d’écrire et de faire écrire sur la surveillance contemporaine, ni même de souligner, avant les révélations d’Edward Snowden, l’impact de l’existence d’une surveillance massive et pervasive sur la liberté de pensée et d’expression. Elle a esquissé un autre programme, celui d’une réclamation (au sens du mot d’ordre « reclaim the streets ») des récits, y compris ceux qui se déroulent dans l’espace des traces numériques, réclamation qui est la condition de la réclamation de nos vies, de leur écriture.

Plus directement, le projet du livre est né dans le cadre du Symposium Au-delà de Big Brother : la surveillance entre réalité et fiction, coorganisé par le Festival du Film de Lisbonne-Estoril et La Quadrature du Net en 2014. Activistes et écrivains y avaient échangé, mais avec une présence limitée des derniers et nous avons eu la volonté d’approfondir ces échanges par un appel à écriture.

visuel Céline Curiol

La question que nous avions posée aux auteurs invités était : Si nos vies sont suivies en temps réel, pourrons-nous encore les écrire ? Certains ont préféré laisser la question à distance, alors que d’autres comme Marie Cosnay l’ont décortiquée à la lettre. Les textes nous ont surpris par leur diversité et débordent largement des seuls aspects numériques : ils abordent la façon dont ceux-ci prennent appui sur des continents intérieurs de la surveillance et de ce qui y résiste ou négocie avec elle. Il y a la surveillance avant la surveillance, ce que le surveillé tente de restituer d’une symétrie avec le surveillant, si mise à mal par nos sociétés du drone sécuritaire et social, l’auto-surveillance de plusieurs façons. Mon propre texte plonge ses racines dans l’activisme de La Quadrature du Net qui a été en pointe dans les combats contre le partenariat public-privé de surveillance globale de masse. Mais peut-être pas comme on s’y attendrait. Bonne lecture.

Une armée d’amants

mercredi 27 avril 2016 § 2 commentaires § permalink

Poetry at City Lights

couverture_w240

Il y a des livres qui vous embarquent. La seule décision que vous prenez vraiment c’est de les prendre dans vos mains. C’était dans la salle poésie de City Lights, la librairie et maison d’édition de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco. Là où j’ai entendu plus de trente ans auparavant certains des poètes beats lire leurs poèmes. Un espace très vaste (pour un « rayon » poésie) et pourtant intime. Tout autour, il y a des chaises et les lecteurs qui s’y assoient se tournent vers les rayonnages, et donc le dos les uns aux autres. Toute une bibliothèque marquée « Beats », mais rien que des hommes. Les femmes sont relayées dans les rayons de poésie générale, là où j’ai trouvé l’édition des poèmes de Joanna McClure achetée ce jour là. City Lights a une collection de littérature contemporaine. C’était là, un petit livre gris, avec ce titre An Army of Lovers et deux noms d’auteurs. Je l’ai pris dans mes mains, je l’ai ouvert près de la fin, pas le genre de trucs que je fais d’habitude, et j’ai commencé à lire. Ça ne m’a pas lâché. Mais j’avais faim. Je suis allé payer à la caisse et manger dans un italien (c’est le coin des italiens). J’ai continué à lire. Puis j’ai marché très longtemps jusqu’à la maison d’amis à Noe Valley où je logeais. Je me suis remis à lire. Le lendemain, je suis retourné à City Lights et j’ai demandé qui s’occupait des droits de traduction. La personne à la caisse m’a laissé un papier avec un nom (Henry) et un n° de téléphone. De retour, j’ai fait lire le livre à quelques personnes en disant : « j’ai envie de le traduire, qu’est-ce que tu en penses ? ». Ils étaient pour.
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Reconnaissance, soutenabilité, édition et visibilité pour l’écriture numérique

mardi 29 janvier 2013 § Commentaires fermés sur Reconnaissance, soutenabilité, édition et visibilité pour l’écriture numérique § permalink

Dans la dernière partie de la rencontre publie.net organisée vendredi 25 janvier au Centre Cerise, une discussion s’est engagée à partir de questions et affirmations provocantes d’Emmanuel Tugny (qui avait publié précédemment un passionnant entretien avec François Bon sur son blog de Mediapart).

On était fatigués comme un vendredi soir, affamés ou bourrés de cacahuètes et le cerveau plein des choses passionnantes d’avant, mais tout de même des questions essentielles ont pointé la tête dans cette discussion qu’il faut je crois garder à l’esprit. J’essaye de les restituer ici en demandant grande indulgence sur la fidélité de cette restitution (voir point précédent sur fatigue et cacahuètes). C’est parti de questions du provocateur demandant à François Bon « qui il publiait » et suggérant que ce serait, là comme ailleurs, des gens frustrés et affamés de publication, recherchant la reconnaissance symbolique et pratique qui va avec. Au « qui » François Bon répondit que l’essentiel c’était que c’était presque uniquement des auteur(e)s qu’il avait découverts par leur blog ou site, et que c’était cela le plus important parce que cela signalait que ces sites et les pratiques qui vont avec sont le lieu d’une forme importante de la création littéraire aujourd’hui. Maintenant, comme tout être humain se construit en reconnaissant les autres et recherche leur reconnaissance, qu’est ce donc que la reconnaissance pour les écriveurs numériques ?
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Where Am I?

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