au vent de la crête les hêtres sinueux en bosquets se serrent comme des troupeaux
94. Hêtres
lundi 25 décembre 2017 § Commentaires fermés sur 94. Hêtres § permalink
93. Fouine
samedi 23 décembre 2017 § Commentaires fermés sur 93. Fouine § permalink
cinq heures la fouine salue le ciel noir couine me réveille vite hors du nid
Sextain / 26
samedi 16 décembre 2017 § Commentaires fermés sur Sextain / 26 § permalink
la neige tient au nord en lisière des prés champs arrimés au sud à la blanche frontière le liseré boréal fixe les prairies pâles où au seuil obscur accoste la borée cordon dégrafé nue la boussole la fleur ferre aux bords de midi tout le champ tout l'espace
Sextain / 25
lundi 4 décembre 2017 § Commentaires fermés sur Sextain / 25 § permalink
La pensée harassée s'épuise à nommer en écrits incertains et missives fuyantes elle exténue les noms et pourchasse le trait la parole esquintée, l'aumône douteuse sa récolte ambiguë de vocables usés les mots évasifs terrassés dans sa quête
L’écriture comme enfance
vendredi 24 novembre 2017 § 1 commentaire § permalink
… soit chez l’enfant qui apprend à parler, soit chez l’écrivain qui dit et pense pour la première fois quelque chose, enfin chez tous ceux qui transforment en parole un certain silence1
revenir au silence primordial
dans Cabane d’hiver
on l’entend derrière
les bruits de la nature
c’est un silence de fond
comme le coureur
chez le nouveau-né
silence grouillant
des sons entendus
au ventre
brisé déjà par son cri
douleur de l’air
frayant son premier chemin
pour le suivre
d’abord crier
mais sans un bruit
touiller la tambouille
lire silencieusement
à haute voix
le vouloir dire
d’un texte inécrit
Compte-rendu opératoire
mercredi 1 novembre 2017 § 3 commentaires § permalink
Le propre d’une opération sous anesthésie générale est que vous vous retrouvez privé d’un intervalle de temps, d’une façon radicalement différente de la coupure du sommeil. Lors du réveil après avoir dormi, on sait qu’il s’est passé des choses dans ce sommeil, des cycles, des rêves, qu’on a connu diverses excitations sexuelles, qu’on a continué à respirer sauf dans d’éventuelles apnées, qu’on a bougé ou pas, qu’une dormeuse ou un dormeur a mêlé sa respiration à la vôtre, on ne sait pas comment, mais on le sait. Ce sommeil n’est pas radicalement étranger à la veille, même si on a peiné à s’endormir, même si on est incapable de situer le moment exact on est passé dans ces autre état ou qu’au contraire ce passage a pu se faire en un instant, il y a une sorte de continuité, des états intermédiaires. À l’opposé l’anesthésie avec des produits modernes opère comme une coupure radicale. Même passage direct lors de la revivification dans la salle dédiée à cette activité. Clac, on est 2h40 plus tard, parfaitement conscient, ou du moins on le croît, de ce qui nous entoure et sans aucun souvenir, pas la plus petite trace de ce qui s’est produit dans cet intervalle de temps. Le compte-rendu opératoire est un rite contemporain destiné à vous fournir une expérience sans pareille, celle de s’observer rétrospectivement dans un temps où vous n’étiez pas là. Mais il vous prodigue également quelques surprises.
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Parenthèse
mardi 10 octobre 2017 § Commentaires fermés sur Parenthèse § permalink
Pour les proches de Sylvie
ce qui vit
n’est qu’une parenthèse
une incise
dans le récit du temps
une forme traversée
de mille langues
pétrissant dans ses entrailles
la farine brunie des mots
entendus au passage
de l’intérieur ne parle
pas seulement la voix
mais le corps tout entier
le feu brillant des yeux
et le parcours ferme des gestes
lorsque nous recueillons
ses offrandes
chaque parenthèse
nourrit
le récit des multitudes
où vit sa marque
En cours
jeudi 7 septembre 2017 § Commentaires fermés sur En cours § permalink
Je poursuis sur ce blog l’écriture d’un texte poétique sur l’anatomie des sens, de poèmes phonétiques destinés à la performance, de poésies numériques et transmédias, d’une série de textes sur les néotopies et de quatrains inspirés de la poésie chinoise Tang et rédigés au fil du quotidien. Pour mes performances et textes (hors livres) non inclus dans ce blog, voir ma page sur remue.net et d’autres revues. Voir les catégories du menu de gauche pour les travaux plus anciens.
Louise Crawford – Les danseurs contemporains
vendredi 1 septembre 2017 § Commentaires fermés sur Louise Crawford – Les danseurs contemporains § permalink
Depuis sept mois, j’ai plus ou moins déserté ce blog pour rédiger, puis réviser un roman dont je viens de finaliser le tapuscrit que je vais soumettre à divers éditeurs. Il est temps de revenir dans ma maison numérique, mais il faut que je m’y réacclimate progressivement. Fin juillet une main heureuse a fait émerger du fouillis des productions de la famille, une création textuelle et graphique que ma fille Louise, alors âgée de seize ans m’a offerte le 9 septembre 2000 pour fêter en retard mon anniversaire et célébrer notre commune passion pour la danse contemporaine que nous consommions avec délice dans la Belgique d’alors. Avec sa permission, j’en publie ici le texte, accompagné de scans des 4 pages manuscrites illustrées (cliquer sur chaque image pour une version en haute résolution).
Les danseurs contemporains
Ils n’ont rien oublié du respect qu’ils doivent aux poussiéreux mais grandioses ballets des siècles passés. Ils ont su en prendre le meilleur pour enfin en abolir les lois centenaires, ridicules et oppressantes pour leurs imaginations. Qu’ils sont jeunes ! Gardiens du savoir depuis la nuit des temps murmuré dans le milieu de la danse ainsi que celui, encore inexploré qu’ils inventent, chaque jour, ils créent une révolution douce et amusée.
Leur immobilités sont devenues aussi précieuses que leurs mouvements et ils portent la grâce de cette immobilité tel un bijou au prix inconcevable. Ils ont parfois l’air embarrassé de tous…
… leurs membres, puis, subitement, ils leur trouvent une utilité nouvelle, un bras pour attirer ou repousser un voisin, un tremblement, une ondulation jusqu’à l’extrêmité d’un doigt, captivante.
Ils rebondissent contre des murs invisibles et surpassent des obstacles d’air qui apparaissent alors insurmontables. Leur musique n’est qu’une suite de sons, répétés ou oubliés; des battements tels ceux de leur cœur que vous semblez déjà entendre résonner dans votre propre corps. Ils jouent avec la lumière ou l’obscurité que reflètent leurs habits, leur absence d’habits, leurs peaux.
Tous s’immobilisent, les regards se créent, se tendent, le silence s’installe, se fait admettre puis oublier. Spectateurs aux aguets, rien ne bouge, tout change… Et, lorsqu’enfin vous avez accepté de comprendre que la parole n’est qu’accessoire, que le corps, l’œil, l’ambiance créée ou troublée, la musique et ses silences peuvent en faire autant, enfin, enfin, ils vous parlent. Tout d’abord ce ne sont que des cris accompagnant leurs mouvements, leurs croisements dans l’espace. Puis viennent des mots, solitaires et insensés, interloquants. Aucun dialogue habituel ne se fon-…
… -de juste quelques questions lancées et abandonnées dans leur suspend, répondues par d’autres interrogations, plus futiles encore.
L’espace, les corps, les sons bougent, créant un naturel nouveau que les danseurs vous font accepter, adopter, au risque de l’oublier, les marches descendues et la porte refermée.
90. Ver luisant
mercredi 2 août 2017 § Commentaires fermés sur 90. Ver luisant § permalink
l'allée sous les arbres crépuscule moite ver luisant au sol soudain la fraîcheur
89. Averse
dimanche 30 juillet 2017 § Commentaires fermés sur 89. Averse § permalink
jardin torse nu piqûres de gouttes caressant mon dos averse trop brève
Les âmes sauvages – Nastassja Martin
lundi 10 juillet 2017 § Commentaires fermés sur Les âmes sauvages – Nastassja Martin § permalink
Ainsi ces êtres liminaires peuplent-ils toutes les histoires, passées ou actuelles : ils sont ceux qui donnent envie aux hommes d’exister en leur ouvrant un nouveau registre de possibles dans les moments les plus sombres, c’est à dire en leur montrant qu’aucune certitude sur le statut des autres ne tient face à l’inventivité dont ils sont capables. En les réintégrant sans cesse dans le collectif humain, les hommes ordinaires réincorporent cette aptitude à la métamorphose et deviennent à leur tout autres : des êtres eux aussi hors du commun.
Les âmes sauvages, p.241
Mon travail littéraire s’abreuve à certains courants de l’anthropologie et de la philosophie. La rencontre avec le livre de Nastassja Martin1 ne procède donc pas du hasard, mais plutôt d’une sorte de navigation au jugé, de suivi de certaines traces de pensée qui me paraissent porteuses d’un nécessaire renouvellement du regard chez ceux qui veulent explorer les possibles de la langue et du récit. C’est en suivant la trace du perspectivisme d’Eduardo Viveiros de Castro découvert lors d’une conférence-performance de Vera Mantero, que j’ai rencontré Les âmes sauvages. Eduardo Viveiros de Castro a formulé sa théorie du perspectivisme, dont il reconnaît qu’elle a eu de nombreux précurseurs, pour rendre compte des modes de pensée de populations de chasseurs-cueilleurs d’Amazonie. Il en a donné lui même un définition lumineuse dans le seul texte de lui que j’ai pu lire :
il s’agit de la conception commune à de nombreux peuples du continent [sud-américain], selon laquelle le monde est habité par différentes espèces de sujets et de personnes, humaines et non-humaines, qui l’appréhendent selon des points de vue distincts.
- Les âmes sauvages : face à l’occident, la résistance d’un peuple d’Alaska, Éditions La Découverte, 2016. [↩]
89. Retour (bis)
dimanche 2 juillet 2017 § Commentaires fermés sur 89. Retour (bis) § permalink
milan revenu chasse les intrus soleil après pluie espoir de légumes
Rapport d’observation (d’ici là n° 10)
mercredi 21 juin 2017 § Commentaires fermés sur Rapport d’observation (d’ici là n° 10) § permalink
Je republie ici ce petit morceau de littérature numérique initialement paru dans D’ici là n° 10.
Rapport d‘observation
Sujet : 2148AZP72
Le protocole d‘observation sensorielle, émotive et cognitive externe non–intrusive a été appliqué conformément aux instructions. L‘essentiel des données recueillies semble lié aux interactions du sujet avec un individu non identifié qui selon l‘agent d‘analyse de données pourrait être la sujette 3965DGC86. L‘agent se base sur la présence chez les deux individus de profils confusionnels dont les signatures sont proches, indication qu‘il estime renforcée par des expressions rationnelles en opposition de phase assez typiques des égarements amoureux sur CFG098786 (la planète Terre en langue régionale autochtone). Cette hypothèse n‘a pu être confirmée de façon certaine en raison de la prohibition absolue de l‘observation nominale conjointe de plusieurs individus.
La principale zone érogène chez le sujet 2148AZP72 semble être l‘esprit. L‘esprit de 2148AZP72 est un organe diffus réparti dans l‘ensemble du corps. Curieusement, les habitants de CFG098786 tiennent pour ridicule cette idée d‘un esprit diffus et corporel pourtant exprimée plusieurs milliers d‘années auparavant par 7648LKF12 dit Lucrèce (qui prétend s‘inspirer d‘un certain Epicure). Les effets spécifiques de l‘esprit, en particulier l‘érection, la chair de poule, les tremblements, des alternances de chaleur et de froid ou des bafouillements sévères sont principalement déclenchés dans le cas particulier par les mots de la sujette suspectée, que ce soit dans l‘expression orale ou écrite.
Dans les périodes de silence, 2148AZP72 adopte une expression rêveuse. Si nous interprétons correctement les signaux recueillis dans d‘autres cas, l‘avis général des terriens est que cette expression donne un air stupide. La présence d‘un avis contraire chez une observatrice semble un signe de réciprocité et produit des effets assez voisins de ceux détaillés plus haut, réactivant d‘ailleurs les mêmes circuits neuronaux, sanguins et musculaires.
En cas de contact physique, les mécanismes impliqués sont entièrement différents. L‘esprit de 2148AZP72 cesse de fonctionner en un temps particulièrement bref pour un mécanisme de commutation biologique. L‘effet est observé même en présence de contacts non directs. En cas de contacts poussés, des phénomènes de liquéfaction partielle sont observés. Curieusement, la mise en hibernation de l‘esprit se traduit par un intense plongement dans le réel, l‘imagination un instant auparavant des gestes pratiqués faisant place à une totale immanence s‘accompagnant de maladresses variées. Les observations concernant des sujettes suggèrent que malgré des chaos sensoriels intenses, leur esprit continue souvent de fonctionner, ce qui leur permet de guider les sujets égarés.
Conformément à la note de service BDUAGO75630, je dois rapporter ici un phénomène étrange. La retranscription de ces faits provoque en moi un trouble qui semble incompatible avec la continuation de l‘accomplissement de ma tâche d‘observation. Je demande donc à en être déchargé.
Vera Mantero – Les Serrenhos du Caldeirão, exercices en anthropologie fictionnelle
dimanche 21 mai 2017 § 1 commentaire § permalink
Le plus sûr signe qu’on est face à une création artistique majeure, c’est qu’on se dit que cela ne ressemble à rien et que pourtant cela évoque pour nous tout un univers. Le risque est alors grand de vouloir raccrocher ce qu’on a éprouvé comme expérience à d’autres œuvres plus familières, risque que je vais tenter d’éviter ici en me tenant au plus près du vécu de cette expérience.
Vera Mantero fait preuve d’une remarquable rigueur intellectuelle qui se manifeste dès le choix du sous-titre de son spectacle : « exercices en anthropologie fictionnelle ». Ce n’est pas rien d’arriver à susciter un enthousiasme unanime d’un public venu voir une danseuse-chorégraphe en lui proposant un spectacle où la danse n’occupe que deux minutes d’une sorte de post-face sur laquelle je reviens plus bas, tout le reste relevant du chant, de la performance, d’une scénographie utilisant des matériaux filmiques documentaires et d’une sorte de conférence que donnerait à un public d’amis une intellectuelle raffinée mais modeste. Ce détournement est possible justement parce qu’il s’agit d’une anthropologie fictionnelle, qui agit sur deux ressorts fondamentaux de notre expérience : la curiosité de l’autre qui par sa différence même nous révèle ce que nous sommes et la projection dans un récit qui nous permet d’imaginer ce que nous pourrions être. Voyons donc comment cela se passe.
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88. Monarque
mercredi 3 mai 2017 § Commentaires fermés sur 88. Monarque § permalink
Le milan monarque chasse le manant pour jouir solitaire du règne des airs
86-87. MIE
jeudi 13 avril 2017 § Commentaires fermés sur 86-87. MIE § permalink
tes seize ans déniés à nouveau l'errance si c'était mon pays il serait ta terre mais mon pays m'étrange en te maltraitant nous faut le migrer le changer sur place
Les têtes parlantes
mercredi 12 avril 2017 § Commentaires fermés sur Les têtes parlantes § permalink
Les têtes parlantes est un poème précédé d’un pré-texte qui a été dit pour la première fois lors du festival de lectures-performances Incipit que j’ai organisé avec Mathilde Roux dans le cadre de son exposition In Situ. Vous pouvez en écouter l’enregistrement sur le site de L’aiR Nu et lire le texte sur remue.net.